Traitement
La détection du ganglion sentinelle
Quand une personne a un cancer du sein, les médecins doivent savoir si la maladie s’est propagée aux ganglions lymphatiques, situés sous le bras (dans l’aisselle).
Le ganglion sentinelle est le premier ganglion qui reçoit la lymphe venant du sein.
S’il est sain, il y a de fortes chances que les autres ganglions le soient aussi.
S’il contient des cellules cancéreuses, cela aide à décider des traitements nécessaires.
Comment le repère-t-on avant l’opération ?
Injection d’un produit repère : on injecte autour de la tumeur ou autour de l’aréole un produit qui se dirige naturellement vers les ganglions.
Selon les besoins, deux produits peuvent être utilisés, soit l’un, soit les deux :
- un traceur faiblement radioactif injecté le matin avant l’intervention dans le service de scintigraphie
- un colorant bleu injecté par le chirurgien lorsque vous dormez, juste avant la chirurgie.
Suivi du trajet :
- Le traceur radioactif est suivi grâce à une petite caméra spéciale (sonde de scintigraphie).
- Le colorant bleu permet de voir le ganglion coloré pendant l’opération.
Repérage au bloc opératoire : pendant l’intervention, le chirurgien localise un ou quelques ganglions grâce à une sonde, et le ou les retire pour les analyser.
Quels avantages ?
Éviter de retirer inutilement tous les ganglions de l’aisselle, ce qui limite les risques de complications (douleurs, gonflement du bras appelé lymphœdème).
Obtenir une information fiable pour adapter le traitement au plus juste.
A Ajaccio, le repérage du ganglion sentinelle est réalisé sur le site de Castelluccio, le matin de l’intervention chirurgical
Le repérage radiologique
Avant une opération du sein, il est parfois nécessaire de repérer précisément une lésion (comme un petit nodule, une microcalcification ou une zone suspecte) qui n’est pas palpable au toucher. Ce repérage permet au chirurgien de retrouver facilement la zone à enlever, tout en préservant au maximum le reste du sein.
Comment ça se passe ?
Le repérage se fait le plus souvent le jour de l’opération, en radiologie.
Sous contrôle d’une mammographie ou d’une échographie, le radiologue localise la lésion.
Il place ensuite un petit fil métallique très fin (appelé harpon) ou parfois une injection de produit (charbon, colorant, graine radioactive selon les techniques) qui servira de guide.
Ce dispositif est posé sous anesthésie locale et reste en place jusqu’à la chirurgie.
À quoi ça sert ?
À guider le chirurgien pour retirer exactement la zone concernée.
À limiter la taille de l’exérèse (on retire uniquement ce qui est nécessaire).
À assurer la sécurité du geste, pour éviter d’oublier une lésion ou de devoir réopérer.
A Ajaccio, cette étape est réalisée par un radiologue, le matin de l’intervention chirurgicale, au Centre d’imagerie de la femme.
La chirurgie
La chirurgie est souvent le premier traitement proposé quand un cancer du sein est diagnostiqué. Elle vise à traiter la maladie et à connaître toutes les caractéristiques de la tumeur afin de définir le stade. Elle peut être la seule étape du traitement, ou associée à d’autres traitements : radiothérapie, chimiothérapie, thérapie ciblée, hormonothérapie. Le choix de ces traitements et leur ordre dépendent de nombreux critères. A chaque patiente correspond une stratégie, qui est discutée lors de RCP (Réunion de Concertation Pluridisciplinaire), et avec la patiente.
Quels sont les grands principes de l’intervention ?
Il existe deux grands types d’interventions :
- Chirurgie conservatrice (tumorectomie ou mastectomie partielle) : on retire uniquement la tumeur et une petite marge de tissu sain autour. Le chirurgien réalise le geste par des techniques classiques ou, si nécessaire, par des techniques de chirurgie plastique (onco-plastie)
- Mastectomie : on retire l’ensemble du sein, parfois nécessaire si la tumeur est grosse ou si plusieurs zones sont touchées.
Dans le même temps opératoire, les chirurgiens retirent aussi quelques ganglions sous l’aisselle (curage axillaire ou ganglion sentinelle) pour savoir si le cancer s’est propagé.
Après une mastectomie, une reconstruction mammaire peut être proposée visant à redonner la forme et le volume d’un sein en restaurant une symétrie harmonieuse.
La reconstruction peut être:
- Immédiate : réalisée dans le même temps que l’ablation.
- Différée : faite plusieurs mois ou années plus tard, une fois les traitements terminés.
Elle peut utiliser soit des implants, soit des tissus prélevés sur le corps de la patiente (ventre, dos, cuisse). Le choix est fait en accord avec la patiente en fonction des traitements nécessaires et après discussion avec le chirurgien. La reconstruction nécessite souvent plusieurs opérations.
En pratique
L’opération est précédée d’une ou plusieurs consultations avec le chirurgien afin de présenter les différentes options thérapeutiques et vous aider à choisir les gestes chirurgicaux les plus adaptés.
A l’ISA, l’intervention est réalisée au Centre Hospitalier d’Ajaccio par un des trois chirurgiens gynécologues, parfois conjointement avec un chirurgien plasticien, le Dr Laetitia Rutily-Julien. Dans ce cas, elle vous recevra en consultation au préalable.
L’opération dure entre 1 h et 2 h en fonction des gestes réalisés.
Elle peut être réalisée en ambulatoire (vous serez convoquées le matin et ressortirez en fin de journée), ou en hospitalisation conventionnelle (vous rentrez à l’hôpital la veille de l’intervention, et restez entre 2 et 5 jours).
Des soins de pansements seront probablement à faire réaliser par une infirmière à domicile pendant quelques jours après l’intervention.
En cas d’éloignement géographique, vous pouvez bénéficier d’un logement non médicalisé à Ajaccio la veille et le jour de l’intervention.
A votre sortie, une date de consultation post opératoire vous est donnée. Le chirurgien vérifie alors les cicatrices, vous informe des résultats histologiques et vous informe de la suite des traitements qui ont été discuté au préalable en Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP). Le chirurgien vous remet alors la date de la consultation avec un oncologue ou un radiothérapeute. Le chirurgien vous explique également la surveillance ultérieure.
Toute douleur anormale, rougeur ou fièvre, doit vous alerter. Vous pouvez alors contacter la coordinatrice de parcours ou l’équipe qui vous a prise en charge en dehors des horaires d’ouverture de l’ISA.
Les traitements médicaux du cancer du sein
Lorsqu’un cancer du sein est diagnostiqué, plusieurs types de traitements peuvent être proposés. Leur choix dépend de nombreux critères : le type de tumeur, sa taille, la présence ou non de récepteurs hormonaux, l’expression de certains marqueurs biologiques, (Her 2 par ex.) l’âge et l’état de santé global de la patiente.
À l’Institut du Sein d’Ajaccio, ces décisions sont toujours prises de façon collégiale lors de réunions pluridisciplinaires réunissant oncologues, chirurgiens, radiothérapeutes, anatomopathologistes et radiologues. L’objectif est double : offrir le traitement le plus efficace possible, tout en maintenant la meilleure qualité de vie.
La chimiothérapie
La chimiothérapie est l’un des traitements les plus connus du cancer. Il s’agit de médicaments qui circulent dans tout l’organisme et détruisent les cellules cancéreuses, qui se multiplient plus vite que les cellules normales.
Dans le cancer du sein, elle est indiquée dans plusieurs situations :
- avant la chirurgie (pour réduire la taille de la tumeur),
- après la chirurgie (pour limiter le risque de rechute),
- ou dans les formes plus avancées, pour contrôler la maladie, apporter une rémission et améliorer la durée de survie.
La chimiothérapie se fait le plus souvent par perfusion intraveineuse, en hôpital de jour. Une séance dure généralement une à quelques heures, et elle est répétée selon un calendrier précis (toutes les 1 à 3 semaines). Entre chaque cure, un temps de repos est prévu pour permettre à l’organisme de récupérer.
Bénéfices attendus :
La chimiothérapie a contribué à faire baisser significativement la mortalité par cancer du sein au cours des 20 dernières années. Elle améliore la survie et, dans certains cas, permet même une guérison.
Effets secondaires :
Ils dépendent des médicaments utilisés, mais concernent souvent la fatigue, les nausées, la chute des cheveux, ou une baisse temporaire des défenses immunitaires. La plupart sont transitoires et aujourd’hui bien contrôlés grâce à des traitements de soutien adaptés.
Ces traitements sont réalisés au sein du service d’oncologie du Centre hospitalier d’Ajaccio.
L’hormonothérapie
Dans environ 70 % des cancers du sein, la tumeur est dite « hormonosensible » : elle utilise les hormones féminines (œstrogènes, progestérone) comme carburant pour croître.
L’hormonothérapie consiste à bloquer ce carburant. Elle peut se faire par comprimés (tamoxifène, inhibiteurs de l’aromatase : anastrozole, letrozole, exemestane), ou par injections qui mettent les ovaires au repos chez les femmes non ménopausées.
Ce traitement est généralement proposé sur le long terme (5 à 10 ans), après la chirurgie et parfois après une chimiothérapie. Il n’empêche pas de mener une vie normale, et se prend le plus souvent à domicile.
Bénéfices attendus :
L’hormonothérapie réduit fortement le risque de rechute, en particulier dans les cancers hormonosensibles précoces. C’est aujourd’hui un pilier du traitement aussi efficace et utile que la chimiothérapie.
Effets secondaires :
Ils rappellent parfois ceux de la ménopause : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, douleurs articulaires. Ces effets sont variables selon les personnes et peuvent souvent être soulagés par des mesures simples ou des traitements adaptés.
Les thérapies ciblées
Depuis quelques années, de nouveaux médicaments dits « thérapies ciblées » ont transformé la prise en charge. Contrairement à la chimiothérapie, qui agit de façon plus générale, ces traitements ciblent spécifiquement un mécanisme de croissance des cellules tumorales.
Les inhibiteurs de CDK4/6 en sont un exemple : palbociclib, ribociclib, abemaciclib.
Ils sont utilisés chez les patientes atteintes de cancers hormonosensibles, avec atteinte ganglionnaire ou plus étendue, et en association avec une hormonothérapie. Ces médicaments se prennent par voie orale.
Bénéfices attendus :
Ces traitements ont permis de doubler la durée de contrôle de la maladie dans certaines situations, avec un impact majeur sur la survie et la qualité de vie.
Effets secondaires :
Ils peuvent provoquer une baisse modérée des globules blancs, parfois une fatigue ou des diarrhées. Leur surveillance se fait par des prises de sang régulières.
La radiothérapie
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Le suivi psychologique
Au-delà de l’impact physique des traitements (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie), le cancer du sein entraîne souvent des conséquences psychologiques importantes : anxiété, dépression, troubles de l’image corporelle, perturbation de la vie affective et sexuelle.
Le suivi psychologique des femmes atteintes de cancer du sein est indispensable pour une prise en charge globale, car il aide non seulement à surmonter la détresse psychique liée à la maladie, mais aussi à restaurer la confiance en soi, la féminité et la qualité de vie.
Objectifs du suivi psychologique
Soutien émotionnel : aider à gérer l’annonce du diagnostic, les incertitudes et la peur de la récidive.
Accompagnement dans les traitements : favoriser l’adhésion et la tolérance, réduire le stress lié aux soins.
Travail sur l’image de soi et la féminité : reconstruction identitaire après chirurgie (mastectomie, reconstruction mammaire).
Prévention et prise en charge des troubles psychiques : dépister et traiter anxiété, dépression ou syndrome de stress post-traumatique.
Soutien aux proches : aider conjoint, enfants et famille à faire face à la maladie.
Le suivi psychologique s’adresse à toutes les patientes touchées par un cancer du sein qui en expriment le souhait, ainsi qu’aux membres de leur famille qui le désirent.
A l’ISA, on vous orientera vers un professionnel en fonction du moment du parcours et de votre lieu de vie.
En dehors des psychologues hospitalières (centre de la douleur, oncologie), les consultations coûtent 50 euros. Elles ne sont pas prises en charge par la sécurité sociale mais certaines mutuelles proposent des remboursements.
La kinésithérapie
La kinésithérapie est un élément clé du parcours de soins en oncologie mammaire, car elle contribue à la récupération fonctionnelle, à la prévention des complications et à l’amélioration globale de la qualité de vie des patientes
Objectifs de la kinésithérapie :
Prévenir et réduire les complications liées aux traitements (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie).
Favoriser la récupération fonctionnelle du membre supérieur et du thorax.
Améliorer la qualité de vie en limitant la douleur, la fatigue et les troubles de la mobilité.
Principales complications prises en charge :
Douleurs post-opératoires (cicatrices, muscles, nerfs).
Raideur de l’épaule et limitation de l’amplitude articulaire.
Œdème du bras (lymphœdème) suite à l’ablation ou l’atteinte des ganglions axillaires.
Troubles posturaux (attitude en enroulement, asymétrie).
Fatigue et perte de condition physique (diminution de la force, endurance).
Interventions du kinésithérapeute
Mobilisations et exercices pour restaurer l’amplitude de l’épaule et du thorax.
Drainage lymphatique manuel et bandages pour le lymphœdème.
Rééducation posturale et assouplissement cicatriciel.
Renforcement musculaire progressif adapté à la fatigue.
Activité physique adaptée pour maintenir la capacité cardio-respiratoire.
Éducation thérapeutique : conseils d’auto-exercices, hygiène de vie, prévention du lymphœdème.
Bénéfices attendus
Meilleure mobilité et fonction du membre supérieur.
Réduction du risque et de la sévérité du lymphœdème.
Diminution de la douleur et amélioration de la cicatrisation.
Maintien d’une bonne condition physique générale.
Impact positif sur l’image corporelle et le moral.